Doubles Vues

On dit que « la double vue » est un don, mais peut-être que le sens de cette expression est double, lui-aussi. Voir au-delà, et parfois c’est voir au-dedans. Et voir double, tout simplement, comme rendu ivre par les visions.
Lorsque la vue s’exalte et se vivifie.
Alors les lignes doubles sont comme en gestation
de plusieurs formes, attendues.
Laquelle sert d’appui, maternelle, laquelle est promesse future?
L’embryon devient cocon, tissé de lignes, tout est en mu et mobile.
Ce qui est sûr c’est que des êtres sont là,
en devenir, la mère comme l’enfant,
changeant avec lui, de lignes et d’avenir.
Celui qui regarde part avec eux, dans l’inquiétude heureuse des attente.

Puis autre toile
On rêve devant les possibles: des visages des visages!
bleu des naissances
Tous seraient-ils nés?
Et le nœud des tourments, pelote des choix, au milieu d’eux, noire…
Ou bien sont-ce ses rêves à Lui, embryon toujours là,
Qui cherche ce qu’il va devenir, et sait qu’il ne saura pas lequel choisir de tous ceux là…

une remarque importante
cet embryon n’a pas de mère pour moi
oui mon idée –
je vais changer le titre de l’embryon en chrysalide
ça ouvre beaucoup plus de possibilités
de développement et de changement justement
un embryon ne veut que ressembler
une chrysalide
est un être à venir mais qui a déjà vécu
(je ne voudrais pas que l’on parle de mère ni enfant …
comprenez moi …
c’est un dangereux d’aller dans une direction qui limite
le travail d’une femme peintre à celui d’être femme et mère
c’est bien ce que les gens attendent mais oui mais non – je parlais embryon comme
recherche de son image je me suis mal exprimée
avec cette correction allez y
avec l’embryon est le fruit de lui même
allez-y j’y répondrai
vous y répondrez et j’y répondrai et ce sera un beau dialogue
les lignes doubles oui
là oui la voie est royale
vers les formes (il y a aussi l’indécision peut-être qui se traduit dans la série)
oui la double vue est ainsi
visionnaire et malade … libératrice et gênante

Comme c’est étrange!
Ces chrysalides étaient pour moi des femmes
abritant des embryons!
Grandes silhouettes féminines
Avec toujours au creux où on l’imagine
cet autre tout petit, indéterminé

Mère enfant.. oui, je vois, non.. mais
C’est qu’ici, une chose est sûre,
comme on lit dans Apollinaire: être  » fille de leur fille, et couleur de tes paupières »
fille de mon fils aussi
Et l’abri est à rebours
Voilà pourquoi peut-être, l’impression que les deux grandes silhouettes
étaient des mères en gestation, des embryons elle-mêmes à naître
avec au creux de leur silhouette
toujours une petite forme, plus indéterminée encore qu’elles-mêmes..

Difficile vie concevable sans enfants….

Mais j’ai lu votre texte et je vais le laisser reposer…
avec l’erreur étrange à reconsidérer

Plaisir toujours de la rêverie

Naître de soi, je vois aussi…….

Chair, oui!
C’est qu’il s’agit de corps..
Non de villes, de toits, de boîtes ou de livres
Mais des corps attendant d’autres corps
ou les portant.
« On porte tous l’enfant qu’on a été »
Et cette phrase venue il y a quelques années
semble accompagner ces chrysalides
Qui sont comme repliées
sur un état antérieur ET futur

Pour naître à soi
Il faut se porter

Alors ce matin, je pense à Pablo Néruda
« Né pour Naître »
Recueil de poésies à sortir de la bibliothèque

Partir tout à l’heure, vite vite
Organisation matinale parfaite cette année
Et revenir, c’est sûr
Pas de traversée de PAris aujourd’hui, celle d’hier vivifie pour quelques jours

Isabelle Ruel, juin 2012

 

pas d’erreur
une lecture plus proche de la chair que de l’intellect
peut être et sans doute vous avez raison je disais juste que cette voie est
limitatrice d’autres lectures
une « case »
comme c’est étrange oui impossible sans enfant (mais c’est de moi une image que je refuse … ? )
comme aussi
impossible sans gestation d’idées
les chrysalides
au féminin
en gestation elles mêmes
au moins 14 dans la série
se rêvent
autre souvent pleines oui
c’est certain mais pas que …
difficile
même pour moi de me comprendre lorsque dans la création d’un tableau je suis
régression et enfant(e)
non pas une erreur !
une voie une des voies un des fils entremêlés
je vous dirai plutôt les deux idées sont celles d’un être à venir
qui se projete
chacune dans sa bulle
un film sur le passé à venir
c’est ainsi que j’avais intitulé au départ cette série
un être à venir
un être avenir …

vous le penserez juste
quelque lignes
ensuite moi ensuite vous
c’est certain qu’en corps n’est pas seul mais il doit l’être parfois
se retrouver se recomposer reconstituer (c’est que je travaille en hypnose justement )
pour mieux ensuite
se glisser dans le monde étroit où les autres
s’incrustent et pourraient heurter
l’entament parfois
vous voyez ici peu d’images d’une
optimiste relation d’amour
la gestation est allant vers à l’envers
et l’amour de soi déçoit …

Magda Moraczewska, juin 2012

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