un dialogue

– commencer par le titre de l’exposition
un titre qui signifierait ET les travaux ET moi …
mes deux faces … facettes
peut-être si je vous décrivais cet état d’esprit
lorsque … ?
je ne fais que transmettre
ma vue ma vision se donnent à votre vue
et tout de suite j’ai besoin de m’opacifier me solidifier
là – un cocon c’est si bon
j’ai souvent travaillé ces images
des yeux
des ailes
elles

– Commencer par les titres possibles de certaines toiles:
« Embryon » ou « chrysalide », l’hésitation des mots est comme celle des lignes.
C’est qu’il est difficile de rendre compte du mouvement en soi, du devenir…
Surtout quand il est question aussi de rendre compte du don de « double vue »,
Voir au-delà, ou au-dedans et voir double comme dans l’ivresse du vin
ou de la Vie!
Voici des toiles, elles tentent de dire, avec des lignes sûres ET hésitantes
Des choix, des multiples voies, des visages, des gestations de soi…
Tant de vies dans une vie, et la naissance perpétuelle, à partir des blessures d’enfance parfois,
A partir des vies croisées qui crucifient ou portent, comme on porte
aux nues,
Comme on porte au creux de soi l’espoir et une vie future,
Factice ou vraie, elle est portée, elle porte, en tout cas…

 

– une fait naître vers la rencontre
ET le creux se comble
après le repli – il se remplit
les vies croisées apportent images
et mots
des portes
possibles

 

– Les mots sont inutiles Et utiles,
le peintre a choisi la peinture, pourquoi dire ce qui est visible?
Hésitation là aussi, des moyens et des chemins.
Les mots s’invitent, les traits sont à définir par des lignes écrites.
Pour dire l’intensité des apparitions, quelles qu’elles soient,
On n’en finit pas d’hésiter et de respirer, comme en grand,
Pour sentir, sentir encore, la vie en soi
Printemps
Puis hiver, quand tout se retire, tout, pour mieux regagner ensuite le terrain perdu.
Pour sentir, sentir encore, la Vie partout,
et l’évolution, de tout, toujours, du corps, ou des sensations, de la pensée ou des idées…
On n’en finit pas… Regardez
– le titre est « doubles vues » car plusieurs titres possibles
pour cette vision de soi
cette vision de moi … d’émoi
plusieurs possibles – et pas forcement double le trait
mais ni les yeux ni le visage ne veulent la ressemblance ….
multiples lignes de fuite
pour se rapprocher
ultiles-inutiles
pour une vue-Vie
meilleure :
voir dehors on le doit
voir dedans on le peut quand on sait
voir devant il le faut
voir en arrière hier … quand la peau quand la chair quand la Vie fut vue
voir devant comme un projet à voies multiples
un changement possible à tout moment – un atout
mais le peintre aime les mots
qui accompagnent son monde des cris muets
les mots qui dialoguent et hésitent
hésitent beaucoup
les mots qui sonnent
lisez …

– Qu’ajouter ? Que le hasard de vos regards, vous qui entrez, passez,
changera encore les lignes

en les lisant, lissant, chaque fois différemment ?
Naissance là aussi, du sens, qui complété, aboutit à une donnée pleine, passagère.

Naissance que le regard passant permet, ajoutant au geste premier,
Ajoutant à la rêverie du peintre, la curiosité pleine d’attente

De celui qui cherche aussi en lui la Chrysalide.
Miroir du regardant, qui naît autant que l’auteur pas à pas,
Si sa passion est aussi forte et ses questions aussi prégnantes.
Epuisantes, riches. Regardez.

 

Isabelle Ruel & Magda Moraczewska

 

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